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Pour les superstitieux

Le Vendredi 13 revient en 2023

C’est le grand méchant loup de la superstition. Il peut exercer sa minute d’inquiétude sur tous les continents et dans la vie de tous les jours, le jeu, les voyages, les pratiques religieuses, jusqu’à l’enseignement de l’histoire ou de l’astronomie. Qui est cet As des As de la trouille, de la malchance ou de la chance ? Un chiffre : le 13, alias le Treize ou le XIII.

Son territoire ? La civilisation occidentale. Il est connu pour ses symptômes et a même son nom dans les dictionnaires médicaux. Issu du grec ancien, triskaidékaphobie pour la peur du chiffre 13 ; et paraskevidékatriaphobie pour la crainte du vendredi 13. Sur son origine, les « explications » sont nombreuses: ils étaient treize à table pour le dernier repas du Christ; même suggestion pour le banquet offert par le Dieu nordique Odin à une autre  divinité des Vikings, Balber mort en présence de ses convives; la colère des 12 Dieux de l’Olympe quand Philippe II de Macédoine fit installer sa statue de treizième « sur-homme » à côté de leur représentation humaine dans le panthéon divin: c’est là que Philippe a signé sa peine de mort. Etc.

 

En 2023, il y aura deux Vendredi 13, l’un en janvier, l’autre en octobre. Ces jours-là, pas de branle-bas dans les casinos mais un regain de joueurs occasionnels superstitieux : les malchanceux déserteront, les chanceux savoureront l’instant Barrière. Derrière l’univers des salles et des tables de jeux, les Grands Hôtels ont appris à déceler ces drôles de rendez-vous avec « les signes du sort ». C’est vrai aussi pour les Hôtels du Groupe. Ainsi Barrière a gommé le chiffre 13 sur les portes de ses Suites et de ses Chambres. Bien sûr le Groupe n’est pas le seul sur la planète des loisirs et du divertissement « À la Française » à s’adapter pour le bien être et la tranquillité de ses clients. Ainsi les vols et destinations d’Air France ont banni le numéro 13 du confort de leurs fauteuils, comme les rangées de la compagnie low cost Ryan Air. Dans les compétitions de courses automobiles de Formule 1, le 13 est « non grata ». La règle du golf continue de limiter les parcours à 12 trous (même si les mauvaises langues disent que la raison pourrait en être aussi que leur nombre a été ainsi fixé car on ne peut dépasser la dose de 12 verres dans une bouteille de Whisky écossais). Il n’y a pas de petits détails.

 

Alors? Et si le grand Manitou de cette trouille chronométrée était le… système duodécimal basé sur le nombre 12 et employé dans les temps antiques : à l’origine, 12 Dieux dans l’Olympe avec les 12 Travaux d’Hercule pour témoins; et au calendrier, 12 lunes dans l’année, 12 mois, 12 heures de jour et 12 heures de nuit. Ce 12 était parfait. Lui ajouter un 13 - à table ou dans la croyance - c’était rompre l’harmonie. Bref le 13 est un trublion, un disruptif, « un hors des clous ».

Mais pourquoi ne pas rajouter à ces explications savantes, une thèse bien française sur l’opprobre jetée sur le 13. Ainsi, jusqu’en 1860, la ville de Paris était divisée en 12 arrondissements. Dans le milieu du XIXème siècle la vie maritale en union libre était hors du code social. Pour évoquer ces couples, on disait d’eux qu’ils s’étaient  « mariés dans le 13ème ». A côté du souci des convenances, ils étaient la boule dans un jeu de quilles. Chaque époque a ses tocs. Même enracinés dans les millénaires. Même s’il n’est pas si loin le temps où les poissonniers pour attirer les gourmets superstitieux ou non vers leurs étals proposaient de belles huîtres vendues « treize à la douzaine »…