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Sneakers fever

Il faut avoir vécu sur une autre planète pour ne pas avoir noté le phénomène : la basket a gagné du terrain, de sport, mais pas que.

Exit ce temps où la basket était considérée comme cette chaussure qui remplissait une fonction spécifique : celle de chausser les joggeurs du dimanche. La tennis, comme on dit, a désormais repoussé les limites de son acceptabilité et s’affiche bien au-delà des deux heures de cours d’EPS hebdomadaires aux pieds des ados, et des autres. Aux pieds de quasi tout le monde en réalité. Et partout. Passée entre les fourches du sportswear, la sneaker dépasse désormais les limites du streetwear. En Stan Smith classique – la même qui était aux pieds de Vincent Cassel dans La Haine en 95 ou à ceux des chanteurs d’IAM dans le clip « Je danse le mia » – elle s’invite désormais au bureau, aux mariages où il n’est pas rare de la voir aux pieds des invités, comme du marié, et ne choquerait peut-être pas davantage lors d’un entretien d’embauche. En fameuses Dad shoes (du nom de ces grosses baskets que portent les daddys américains le dimanche), elle arpente les catwalks chez Balenciaga, Pierre Hardy ou encore Louis Vuitton. Plus c’est gros, plus ça claque. Plus c’est cher, plus ça passe. Littéralement devenue passe-partout donc, sans pour autant être banale, loin de là. En 2019 la basket a ses écoles et, parmi les duels qui font vibrer ce siècle (iPhone ou Samsung, Quick ou Mac Do) figure sans conteste celui opposant Nike ou Adidas ou mieux encore, la Stan Smith et la Air Jordan, deux superbes cas d’école marketing en matière de réédition. Créée en 1978, la Stan Smith, du nom de Stanley Roger Smith, joueur de tennis des années 70, cessera d’être produite en 2011 avant que la marque au 3 bandes ne revienne sur son choix en 2014. La Stan Smith est morte, vive la Stan Smith. Convaincue, la firme allemande a même créé Adidas Originals et multiplie désormais les rééditions de modèles iconiques, à l’instar dernièrement de l’Americana Hi, véritable succès commercial. Sa cible ? Les nostalgiques, les collectionneurs compulsifs ou, plus pointus encore, les sneackerheads, afficionados de la godasse maîtrisant l’histoire de chaque modèle sur le bout des doigts. Les mêmes qui ne manquent pas une édition de Sneacker Freaker, bible de la basket lancée en 2002 par l’australien Simon « Woody » Wood. Les mêmes qui se sont arrachés les créations déjantées d’un Jeremy Scott ou s’inscrivent à des tirages au sort pour avoir droit de participer à un tirage au sort pour avoir une chance de pouvoir s’acheter une paire de yeezy, sorties tout droit du génie marketing de Kanye West. Qu’on se rassure donc, la basket est mode, mais fait toujours courir.