Pas à la bonne taille, pas assez ronds ou lisses. Fruits et légumes sont refoulés par les centrales d’achat pour des questions d’apparence. Mais la revanche des disgracieux bouillonne. Sous la baguette des chefs, des beautés cachées se révèlent en cuisine. Éloge du bon, sans faux-semblants.
En entrée du circuit de grande distribution, 40 % des fruits sont retoqués. Trop grands, trop gros ou pas assez. Place aux Vénus du verger, les peaux lisses et brillantes qui prennent bien la lumière sur les étals.
Un constat accablant
Toutes denrées confondues, la seule grande distribution jette chaque année près de 7 millions de tonnes de nourriture. Dit autrement : 40 kg de rebut alimentaire par an et par personne.
Arcimboldo du micro, Serge Gainsbourg a sonné la charge. “L’homme à tête de chou” entonnait : “La beauté cachée des laids, se voit sans délai”. Aux orties, la dictature des apparences ? Plutôt que de fuir le bizarre, on va se fier au hasard.
La métamorphose du pas beau
Aubergine, navet ou potimarron. L’enveloppe vaut-elle plus que la chair ? Sous leurs curiosités esthétiques, les “laids-gumes” débordent de promesses. Un monde végétal fait de mille saveurs. Cette diversité que les “Tables Barrière” veulent offrir à leurs clients. L’alchimie opère, le bon devient le beau.
La magie est parfois involontaire, voire maladroite. Et ce ne sont pas les sœurs Tatin, restauratrices à Lamotte-Beuvron, qui diraient le contraire ! À l’heure de la consommation raisonnée, l’atrophie devient trophée. Les produits “moches” prennent place dans les assiettes. La planète et les papilles y gagnent.
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