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Bûche : elle reste la star du réveillon

Elle reste la star du réveillon

Le feu sacré de la Bûche de Noël 

 

Avant le lever du soleil, c'était l'heure d'aller couper un arbre fruitier au tronc massif et d'en choisir la partie la plus costaude. Portée dans la profonde cheminée de la maison, elle était placée sur des braises pour durer en flammèches et flammilles du réveillon jusqu'au jour de l'an nouveau, une bonne semaine. Quelques feuillages entouraient le fût de bois bientôt aspergé de vin, de cidre ou de bière, de miel. Parfois une larme d'eau bénite. Comme un rituel druidique chaque année rejailli de lointains  millénaires à chaque solstice d'hiver quand la nuit est la plus longue. La bûche allumée dans la tranquillité de Noël brûlerait sept jours. C'était la bûche de Noël dans la France du Moyen Age.

 

Des siècles plus tard, à l'aube du grand chambard des années 1900, les Français ont abandonné les vastes cheminées pour des poêles en fonte. Plus de grosses bûches mais des rondelles de bois. Quelqu'un eut l'idée de poser en souvenir un bras de bois sur la table du souper de Noël en le parant d'éclats de sucre et de fruits confits. Et puis un pâtissier se dit que passer de la cheminée à la table était un joli destin pour une bûche. Pourquoi ne pas la déguster ? Etait-ce à Paris (1834), à Lyon (1860), à Monaco (1898) ? Il n'y a pas de guerre des bûches car les créations pâtissières se sont trouvées sur les mêmes apparences : un biscuit en moëlleuse génoise à pâte battue avec  une ganache, couvert de crème au beurre parfumée au chocolat, café, marron, vanille ou Grand Marnier, placé sur une feuille de papier légèrement beurrée (aujourd'hui sulfurisé), garni d'une crème plus légère puis roulé avant de cuire au four. 50 centimètres pour huit convives. Laisser refroidir, placer sur le dos de la bûche des pièces de sucre, fruits confits ad libitum, selon l'idée du moment. Déjà, la bûche était accompagnée d'un champagne ou d'un Jurançon, vendange tardive du mois de décembre.

 

C'est étonnant mais en Europe seule la bûche française - même réinventée en mousse, tiramisu, gelées ou fine brioche piquée de fruits exotiques - demeure une invitée à la table de Noël. Même si quelques pays francophones (Liban ou... Vietnam) ont gardé cette tradition du goût de Noël. Mais en Grande Bretagne, il y a le Christmas pudding, le Pannetone en Italie, les Beignes au Québec... Peu importe : la bûche de Noël a le feu sacré.