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Quand le cinéma est dans la Lune

Vedette des premiers films de l’histoire, elle a beaucoup inspiré les cinéastes jusqu’à ce qu’Armstrong y pose le pied. Et depuis ?

La Lune a offert au cinéma son premier succès planétaire. Le film fondateur de la science-fiction : Le Voyage dans la Lune. Sorti en 1902 et inspiré à Georges Méliès par les romans de Jules Verne et H.G. Wells, il relate le voyage extravagant d’une équipe de savants. Délibérément burlesque, Le Voyage, produit pour 30 000 francs et réalisé dans le studio du réalisateur à Montreuil, devient un fabuleux succès, en France, puis en Europe Sa popularité provoque même la première vague de piratage connue autour d’un film. En effet, aux États-Unis, le succès des projections publiques est rendu possible par des films contrefaits à partir de la bobine originale, importée avec l’appui des premiers studios américains. La fin justifiait les moyens : découvrir le chef-d’œuvre français, c’était comme voir Avatar à sa sortie en 2010 ! Ce n’est qu’en 1929, qu’un autre long-métrage majeur, mettrait en lumière notre satellite naturel : La Femme sur la Lune de Fritz Lang. Par la suite, la Lune n’inspirera plus que des cinéastes de seconde zone et aucun n’atteindrait l’inventivité de Méliès et de Lang ; jusqu’à ce qu’un certain Stanley Kubrick...

Dans 2001 : Odyssée de l’espace, sorti en 1968, le maître britannique met en scène le voyage sur la Lune un an avant la réussite spectaculaire de mission Apollo XI. Le public est béat d’admiration. Repu de sensations fortes. Tellement, que jusqu’en 1988 personne n’osera plus refaire un film sur le sujet… Cette année-là, Terry Gilliam tourne le dos au réalisme de Kubrick et emprunte à la poésie de Méliès pour mettre en orbite Les Aventures du Baron de Münchhausen. L’Homme y foule bien une nouvelle fois le sol lunaire, mais après l’avoir atteint en ballon…

La dernière contribution notable de Hollywood au mythe lunaire nous renvoie à 1995 et à la sortie d’Apollo XIII. Inspiré d’un des épisodes les plus dramatiques de l’histoire de la conquête spatiale, (“Houston, nous avons un problème !”)  le film de Ron Howard n’en est pas moins l’histoire d’une mission ratée en avril 1970.

D’ailleurs, les Américains ont-ils jamais foulé le sol de la Lune ? La rumeur, accréditée par les adeptes de thèses complotistes, sert de fil rouge à Opération Lune de William Karel (2002). Un “documenteur” qui, en détournant des témoignages réels, s’amuse à laisser entendre que Stanley Kubrick aurait réalisé en studio les images d’Armstrong faisant “un grand pas pour l’humanité”. Troublant.

Neil Armstrong, toujours, incarné par Ryan Gosling, est le héros du dernier film intéressant réalisé sur le sujet : First Man de Damien Chazelle. On y apprend que ce pionnier dut subir un entraînement long de huit ans pour réaliser l’exploit. Car la Lune, ça se mérite.