Numéro un français des casinos, le groupe Barrière vient de créer un ensemble de manifestations autour de ces jeux vidéo communautaires, le « Barrière eSport Tour », organisé avec Webedia, spécialiste de l’e-sport.
Il ne s'agit ni d'un championnat ni d'un tournoi mais d'un "Tour" de plusieurs dates en France, débuté à Lille le 27 mai dernier autour du jeu League of Legends. Le total des dotations pour les multi-joueurs en ligne s'élève à 10 000 euros. Prochain rendez-vous à Toulouse, le 11 novembre 2017. Mais, comment ça marche ?
Qu'est ce que le eSport ?
Quoi de neuf vraiment avec l'e-sport ?
Cédric Page
On peut observer une réelle explosion de l’e-sport dans le monde et en France en particulier. Le développement des plateformes de vidéo ou de streaming sur internet ont accéléré le phénomène depuis 2011. Et ce n’est que le début, tous les indicateurs montrent que le potentiel est énorme. Aujourd’hui, la question est de bien encadrer cette activité et donc de l’inclure dans un cadre légal.
Pourquoi chercher à "vulgariser" la virtualisation pour la rendre plus... réelle ?
Il s’agit ici d’une volonté de proposer et faire découvrir une nouvelle activité de loisir et de divertissement. Cela reflète aussi une envie de sortir de cette approche « communautariste » des joueurs qui jouent uniquement entre eux, afin d’évoluer vers une activité de divertissement, et pas forcément de compétitions systématiques. A noter que ces deux approches ne sont pas opposées, mais bien complémentaires.
Comment l’e-sport fonctionne-t-il économiquement ?
La croissance continue qu’a connu l’audience de l’eSport au cours des dernières années ne se limite pas à un phénomène de curiosité. Les éditeurs des jeux eSports les plus populaires engrangent des revenus qui se comptent en milliards de dollars. Comme le sport, il y a ensuite un écosystème propre, de l’organisateur d’événement au manager de « e-sportif », sans oublier les annonceurs qui veulent toucher les quelques quatre millions de fans en France. (NDLR : l'audience mondiale s'élèverait désormais en 2017, tous continents confondus, à 191 millions de "visionneurs réguliers", dont 42% disent ne pas être "pratiquants" mais " spectateurs". Source : Newzoo.)
Des millions de regards qui sont aussi ceux de consommateurs...
Oui et ces millions de personnes sont des cibles privilégiées pour les annonceurs car ils sont une cible homogène, majoritairement des hommes qui ont entre 15 et 34 ans et qui désertent les médias traditionnels. Ils passent un temps considérable sur internet mais utilisent des « bloqueurs de publicité » ce qui les rend difficilement accessibles aux messages des marques. L’eSport est un excellent support pour les atteindre, notamment via du sponsoring.
La loi a son mot à dire dans ce développement. En France il existe un cadre légal. Faut-il l'agrandir ?
Le périmètre juridique déjà établi encadre bien le secteur. L’e-sport en France a su s’installer dans un parfait respect des règles et les compétitions sont soumises à de strictes contraintes qui assurent la protection des mineurs.
La compétition suscite des rivalités. Et la longue durée des épreuves a parfois entrainé des interrogations sur la santé des joueurs et leur fatigue. Faut-il poser la question du dopage ?
Aujourd’hui, aucun élément à notre connaissance indique la présence de dopage dans l’eSport. Comme dans tout environnement hautement compétitif, il est tout à fait possible que la problématique se pose un jour. Néanmoins, les équipes d’encadrement, souvent issues du monde du sport, y sont sensibles, et accompagnent quotidiennement les joueurs professionnels pour éviter les comportements à risques et les former adéquatement.
En 2017, votre définition de l’e-sport c'est ?
Un spectacle digital et vivant, sublimé par son aspect interactif et sportif. Aujourd’hui, il ne faut plus voir l’e-sport comme un nouvel élément prometteur, mais bel et bien comme une discipline ancrée dans l’esprit des amateurs de jeux vidéo.
Interview de Cédric Page - Webedia
